In Mémoriam

Cérémonie pour les morts au feu de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris
Appel des morts au feu le lundi matin en 1968

Les sapeurs-pompiers de Paris sont à l’origine d’une tradition unique en son genre dans l’armée et qui tient une place prépondérante dans la vie des sapeurs-pompiers : « L’appel des morts au feu ».


Cette pratique qui remonte à la IIIe République est une initiative du chef de corps de l’époque, le colonel Paris, qui, en 1880, dans une lettre au préfet de la Seine propose de faire placer dans les casernes de sapeurs-pompiers des tables de marbre noir rappelant les noms des officiers et soldats du corps morts au feu. La pose de la première de ces plaques a lieu le 22 octobre 1881, à la caserne Rousseau.


Le colonel Paris adresse alors au Régiment l’ordre du jour suivant :
« …Les militaires dont le nom figure sur ces plaques seront inscrits en tête du contrôle des compagnies auxquelles ils appartenaient… À toutes les réunions de la compagnie, après la sonnerie de l’appel, le sergent-major fera porter les armes aux hommes armés. Les militaires en casque, sans arme, feront le salut militaire, ceux en képi se découvriront. Le sergent-major appellera les noms placés en tête de ce contrôle et le sergent de semaine répondra « mort au feu ». »

L’essentiel est dit ! Quarante ans avant que les désastres de la grande guerre ne poussent les armées à s’approprier un rite en mémoire des mort pour la France, le corps des sapeurs-pompiers de Paris décide d’inscrire le nom de ses héros dans le marbre.

En 1947, il est construit un monument à la mémoire des sapeurs et gradés « morts pour la France » auxquels viennent s’ajouter ceux des noms des « morts au feu ». Pendant de nombreuses années, l’appel des morts au feu débute par le nom du lieutenant-colonel Froidevaux. Aussi, il est décidé en 1996, de restreindre cette liste afin qu’elle garde tout son sens et l’impact qu’elle peut avoir sur la mémoire du personnel d’active. Pour illustrer cette réflexion permanente l’abbé Lacour, aumônier du Régiment, s’interroge lors d’un sermon en 1953 sur l’importance de préserver la qualité et teneur de l’exercice de mémoire : « La pierre garde les noms mais on ne sait plus pourquoi ».

Cette tradition du souvenir, contrairement à d’autres, ne s’est jamais arrêtée. Elle a toutefois connu plusieurs modifications dans la périodicité et / ou les conditions de tenue de l’hommage. Il est décidé que les modalités de l’appel hebdomadaire seraient limitées aux seuls noms des sapeurs et gradés « morts au feu » depuis 1967 c’est-à-dire la période Brigade. En revanche, fût ajouté, avant l’appel la lecture d’une fiche relatant les circonstances du décès d’un sapeur-pompier « mort au feu ».

Porte-drapeau et commandant de la BSPP, de dos, face à la stèle des morts au feu

Lors de l’appel qui suit cette lecture, le caporal de jour ou le plus jeune sapeur de la garde répond à l’évocation de chaque nom : « mort au feu ». Toute la garde se met en tenue de travail à l’état major et dans les bureaux. Dans les compagnies et les états-majors, l’appel se fait le lundi matin en tenue de feu.
Une minute de silence clôt ce cérémonial. Hormis le tombeau des « morts au feu » du cimetière du Montparnasse et le monument de l’état-major Champerret, il en existe de nombreux au sein des compagnies, pour que nul n’oublie nos camarades victimes du devoir.

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