La vie en caserne de pompiers

24 HEURES DANS LA VIE D’UNE CASERNE

Ray­on­nant sur un périmètre de 110 000 habi­tants, la caserne de Nativ­ité, située dans le 12e arrondisse­ment parisien, est typ­ique des casernes de la cap­i­tale, avec ses qua­tre porch­es rouges et ses murs de brique. À l’intérieur se relaient jour et nuit 55 sapeurs-pom­piers, par gardes de 24–48 heures. Entre les séances de sport, les manoeu­vres ou les travaux d’entretien, leur quo­ti­di­en obéit à un rit­uel bien huilé, régulière­ment inter­rompu par l’alarme qui prévient d’une opéra­tion de sec­ours ou d’incendie. Chronique d’une journée ordinaire.

7 h 45
Relève de la garde

  • Les chefs se trans­met­tent les con­signes et font le point sur les opéra­tions de la veille. Pre­mier rassem­ble­ment : l’équipe « mon­tante » est alignée sur deux rangs devant le chef de garde, qui dis­tribue les con­signes et les fonc­tions de chacun.

8 h 30–10 h
Première séance de sport

Au pro­gramme selon les jours, course à pied aux alen­tours de la caserne ou piscine. Dans tous les cas, une équipe reste en veille.

8 h 44
Une minute pour « décaler »

L’alarme reten­tit. Bran­le-bas de com­bat ! Un ordre de départ lap­idaire est tombé au poste de veille opéra­tionnelle. Un scoot­er s’est encas­tré sous les roues de deux véhicules. Les équipes ont une minute pour « décaler ». En clair, pour par­tir. L’expression remonte au temps où les pom­piers ôtaient les cales qui rete­naient les engins tirés par des chevaux. Deux camions fran­chissent le porche, sirènes hurlantes.

9 h 22
Nouveau départ

Le bruit assour­dis­sant de l’alarme résonne de nou­veau. Un véhicule de sec­ours et d’assistance aux vic­times (VSAV) se rend sur les lieux, en moins de dix min­utes. Dans la rue, un homme a été agressé à coups de poing et de bombe lacry­mogène. Après lui avoir fait un bilan sec­ouriste, les pom­piers le trans­portent aux urgences hospitalières.

10 h
L’épreuve de la planche

Deux­ième rassem­ble­ment. Les pom­piers présents se livrent au rit­uel de la planche. En tenue de feu, ils doivent rester sus­pendus plusieurs sec­on­des à une planche fixée à 2,40 m du sol, puis se hiss­er dessus à la force des bras. Un bon baromètre de la con­di­tion physique : celui qui échoue ne part pas au feu. Une sit­u­a­tion raris­sime tant les sapeurs-pom­piers de Paris sont entraînés.

10 h
L’appel des morts au feu

Le rit­uel de la planche est repoussé chaque lun­di matin, car, à cette même heure, la vie se fige dans toutes les casernes de la Brigade. En tenue de feu, les sol­dats se tien­nent au garde-à-vous devant une plaque de mar­bre noir com­mé­morant les pom­piers morts en exer­ci­ce. Ils égrè­nent les noms des dis­parus. Le céré­mo­ni­al hon­ore leur mémoire et rap­pelle à tous la dan­gerosité du métier.

10 h 55–11 h 35
La manœuvre

Sous la direc­tion du chef de garde, les pom­piers exé­cu­tent les manoeu­vres du scé­nario du jour : un feu de cage d’escalier, avec une vic­time au pre­mier étage. L’objectif ? Tra­vailler les automa­tismes, car le jour J, ils devront agir très rapi­de­ment. Cha­cun exerce son savoir faire en fonc­tion de son affec­ta­tion. Deux pom­piers « crachent » l’eau pour étein­dre l’incendie. Deux autres mon­tent à l’étage pour encorder la vic­time et la faire descen­dre. Chronomètre en main, le chef de garde observe la descente, réal­isée dans les temps, en 3 min­utes et 22 secondes.

12 h
Déjeuner

Un pom­pi­er coif­fé d’une char­lotte s’active aux fourneaux pour pré­par­er le repas que ses cama­rades parta­gent dans un réfec­toire repeint par leurs soins. Puis, c’est la reprise des travaux d’intérêt général : entre­tien des bâti­ments, des engins ou encore des équipements, inven­taire de la remise…

16 h 12
Urgence

Un jeune homme de 25 ans est vic­time d’une crise d’épilepsie. Un VSAV lui porte assistance.

17 h‑18 h 30
Séance de sport

Un pom­pi­er a pré­paré pour ses cama­rades un par­cours aux petits oignons, avec séances d’abdominaux, mon­tée à la corde, man­nequin de 75 kilos à tir­er, dis­ques de 10 kilos à soulever… Et un, et deux…

19 h
Relâche

Tout en restant à la caserne, cha­cun peut souf­fler, regarder la télévi­sion au foy­er décoré façon pub anglais par les pom­piers, se mus­cler dans une salle à l’étage, bouquin­er dans sa chambre.

22 h 38
angoisses nocturnes

Une jeune femme, vis­i­ble­ment sous l’emprise des médica­ments et de l’alcool, men­ace de se jeter dans le vide. Le camion pre­mier sec­ours évac­u­a­tion (PSE), un engin hybride bon à tout faire, décale. La grande échelle l’accompagne.

3 h 34
Départ normal

« Ron­fleur, long coup… » L’alarme qui reten­tit cette fois aver­tit d’un départ en inter­ven­tion pour feu. Qua­torze hommes, encadrés par un chef de garde, par­tent pré­cipi­ta­m­ment à bord de trois véhicules.

7 h 45 :
Relève de la garde

Les chefs se trans­met­tent les con­signes et font le point sur les opéra­tions de la veille. Pre­mier rassem­ble­ment : l’équipe « mon­tante » est alignée sur deux rangs devant le chef de garde, qui dis­tribue les con­signes et les fonc­tions de chacun.

En 24 heures, la caserne de Nativ­ité a mené 22 interventions.

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