La Brigade voit rouge

La Brigade voit rouge

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Engagée en 2015, la manoeuvre de remise à niveau du parc des tenues textiles de la Brigade aura permis de renouveler ces équipements, à partir des stocks existants, pour les 1er et 2e groupements d’incendie et de secours. Parallèlement, le bureau soutien de l’homme (BSH) s’est lancé dans le renouvellement du marché auprès des sociétés spécialisées. Le but : trouver un modèle offrant la meilleure technologie. L’appel d’offres a été remporté en début d’année dernière par une entreprise franco-​belge. Celle-​ci a rapidement proposé plusieurs tenues pour être testées dès septembre 2016 en conditions réelles. Les objectifs principaux étaient d’apprécier les deux différents tissus extérieurs retenus, la qualité des « complexages », constitués par l’association de trois couches de matériaux composant la tenue d’intervention textile et de définir les emplacements des poches et des accessoires. « Nos efforts se sont bien évidemment concentrés sur les performances en matière de protections thermiques et mécaniques de ces équipements, mais aussi sur l’ergonomie (aisance au porter), le confort à travers la réduction du stress thermique, la durabilité et la pertinence d’un entretien industriel (traçabilité des lavages et réparations) », explique le commandant Franck Capmarty, chef du BSH. Au total, sept concepts différents sont donc passés entre les mains et « sur le dos » du personnel ELD*, des formateurs incendie du GFIS* et de sapeurs-​pompiers des centres de secours Ivry et Montreuil. Après avoir été particulièrement éprouvés sur intervention et en caisson, les ensembles textiles ont révélé leurs premiers résultats. Ceux-​ci ont rapidement permis d’éliminer l’une des deux matières. Ces expérimentations ont surtout été l’occasion pour les participants de se prononcer sur le choix et l’emplacement des poches, sur les accessoires à y ajouter, etc.

« La principale évolution réside bien sûr dans la qualité et la performance du complexage qui apporte, par rapport au précédent modèle, pourtant déjà très qualitatif, une meilleure protection face aux phénomènes thermiques, une plus grande respirabilité et ce, pour un poids plus léger », détaille le commandant Capmarty. Mais ce n’est pas la seule nouveauté. Sur le plan plus fonctionnel, une amélioration a été portée sur l’ergonomie pour le confort du sapeur-​pompier au travers de la coupe (confection spécifique), de divers accessoires ou ajouts sur la veste et le pantalon. (voir photo d’illustration)

« Nous nous sommes ensuite interrogés sur le choix de la couleur, ajoute le chef du BSH. Les tenues de feu Brigade ont toujours été bleues, dans la continuité du veston de cuir noir et vraisemblablement par souci d’uniformité. Il n’existe pas de norme ou de référentiel imposant une couleur particulière aux sapeurs-​pompiers. Nous étions donc libres de choisir la plus adéquate. »

En Europe, les couleurs des tenues des sapeurs-​pompiers sont disparates, la tendance s’orientant plutôt vers l’abandon du bleu. Au-​delà même des questions de mode ou d’esthétique, ce sont les résultats des études menées en laboratoire sur la capacité de telle ou telle couleur à retarder le transfert de la chaleur radiante, qui ont été déterminants. Les données laissent apparaître très clairement que la couleur sablée (beige) retarde le plus le transfert de chaleur au rayonnement, la couleur rouge suivant de quelques centièmes de secondes.

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Il a également été démontré que ce rouge apportait une meilleure visibilité lors d’interventions en extérieur de nuit ou dans les fumées. Cette visibilité est également renforcée par de nouvelles bandes réfléchissantes prismatiques, entièrement jaunes. Le panachage suivant a donc été proposé : la couleur sablée pour le personnel ELD et les formateurs « incendie », exposés plus longtemps ; tandis que la couleur rouge est attribuée à tout le per sonnel des unités d’incendie de la Brigade. Enfin, l’ancien parc de tenues bleues (environ 7 000 effets) sera quant à lui soit réformé, soit redistribué au personnel en formation ou doté d’un statut particulier (réserviste, volontaire au service civique …).

Bientôt dans mon dressing ?

Le coût de cette nouvelle tenue est conséquent et doit être pris en compte dans le programme de renouvellement des stocks. C’est pourquoi, le dispositif de dotation d’une seule tenue par individu est maintenu. « Son entretien et sa conservation sont essentiels, insiste le commandant Capmarty. Elle ne doit d’ailleurs pas être considérée par les utilisateurs comme un effet d’habillement, mais bien comme un équipement de protection. Ainsi, son utilisation sera exclusivement dédiée aux interventions et à la préparation opérationnelle quotidienne. » Il est donc prévu que cette nouvelle tenue textile ne soit plus portée lors de l’exercice de la planche, ni lors des formations incendie dans les caissons par exemple ni lors d’activités annexes comme les parcours d’entraînement. Dès le mois de juin prochain les centres de secours du 3e groupement en bénéficieront. Viendra ensuite le tour des 1er et 2e groupements, ceux-​ci ayant profité récemment d’une remise à niveau des tenues bleues. À noter que l’intégration de ces nouveaux ensembles fera l’objet de mesures d’accompagnement avec l’installation d’armoires de séchage et de portants métalliques. En 2019, les trois groupements d’incendie et de secours seront équipés. Le personnel des groupements d’appuis et de soutien (GAS et GSS), les plongeurs et les photographes du VEII et les effectifs des centres médicaux (AR, VAS) ne percevront pas de lots, puisqu’ils ne s’engagent pas en contact direct avec l’incendie. Ils resteront donc en bleu. « Cette considérable avancée technologique, remuant quelque peu les habitudes de chacun, annonce une série de nouvelles mesures concernant l’équipement de protection individuelle globale. Ainsi, dans le courant de l’année, les gants d’attaque, les sous-​vêtements d’intervention et le casque seront également renouvelés. Notre leitmotiv : optimiser la sécurité et améliorer l’aisance et le confort du sapeur-​pompier de Paris », conclut le commandant Franck Capmarty.

*ELD : exploration longue durée
*GFIS : groupement formation instruction et de secours

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