Un bataillon créé sur les cendres d’un bal

200 ans de pro­tec­tion des populations

L’introduction des pompes de Dumou­riez à Paris en 1699 sur la base d’un contrat royal pose la pre­mière pierre de ce qui va deve­nir par la suite le corps des gardes pompes de la capi­tale. Cette orga­ni­sa­tion, dont on ne per­çoit le fonc­tion­ne­ment que dans ses grandes lignes, connaît des hauts et des bas. Sa taille ne cesse pour­tant d’augmenter. À cette époque, la tac­tique d’attaque des feux est rudi­men­taire. Seules, la connais­sance et l’intrépidité des ouvriers du bâti­ment, par­mi les­quels sont recru­tés les gardes pompes, guident les actions de sau­ve­tage et d’extinction.
Après la Révo­lu­tion, les gardes pompes prêtent spon­ta­né­ment ser­ment au nou­veau régime. Le Direc­toire, le Consu­lat et l’Empire n’apportent que peu de modi­fi­ca­tions à l’organisation qui péri­clite. Le Pre­mier Consul a bien sen­ti la néces­si­té de réfor­mer ce corps, mais la réor­ga­ni­sa­tion de 1801, qui suit de près la créa­tion de la pré­fec­ture de Police de Paris, ne porte pas ses fruits. L’incendie meur­trier du bal de l’ambassade d’Autriche en juillet 1810, lors des fes­ti­vi­tés de son mariage avec Marie Louise, rap­pelle à l’Empereur toute l’importance du bon fonc­tion­ne­ment du ser­vice d’incendie dans la capi­tale.
Mal­gré le cou­rage et le dévoue­ment des gardes pompiers que l’on accuse, par­fois à tort, de mul­tiples défaillances, le ser­vice de lutte contre les incen­dies laisse appa­raître ses fai­blesses : retards, maté­riel insuf­fi­sant et peu fiable, per­son­nel mal entraî­né et res­pon­sables incom­pé­tents. Le per­son­nel pré­sent à l’ambassade le jour du drame est lavé de tout soup­çon par une enquête menée par le comte de Mon­ta­li­vet. En revanche, les chefs de l’ancienne orga­ni­sa­tion sont licen­ciés et le corps des gardes pompes est sup­pri­mé.
Après cette catas­trophe, l’Empereur réor­ga­nise ce ser­vice public en créant le pre­mier corps mili­taire de sapeurs-​pompiers, com­po­sé des sapeurs du génie de la garde impé­riale dédiés à la défense contre l’incendie des châ­teaux impé­riaux.
Vou­lue par l’empereur Napo­léon 1er, la créa­tion par un décret impé­rial le 18 sep­tembre 1811 du bataillon de sapeurs pompiers de Paris pré­sente un carac­tère ori­gi­nal et inno­vant, consa­crant le pas­sage d’une orga­ni­sa­tion civile et com­mu­nale à un corps militaire.Ce choix d’un sta­tut aus­si aty­pique pour un ser­vice public fait écho à la créa­tion, onze ans plus tôt, de la pré­fec­ture de Police de Paris, ins­tance juri­di­co admi­nis­tra­tive tout aus­si sin­gu­lière.
Ain­si, et dès sa créa­tion, ce corps mili­taire est pla­cé sous l’autorité du pré­fet de Police de Paris, res­pon­sable de la sécu­ri­té de la capi­tale. Ce sta­tut mili­taire et cette subor­di­na­tion à un pré­fet se sont ensuite impo­sés, après un long che­mi­ne­ment, comme la consé­quence logique de l’esprit du décret du « 12 mes­si­dor an 8 ».

Aujourd’hui la spé­ci­fi­ci­té mili­taire assure tou­jours aux habi­tants de la capi­tale et des trois dépar­te­ments de la petite cou­ronne un niveau sans égal de dis­po­ni­bi­li­té et de per­for­mance des pro­tec­teurs de la cité.

Créa­tion en 1811 du bataillon de sapeurs-​pompiers pour la ville de Paris

À la for­ma­tion du Bataillon en 1811, les sapeurs pompiers de Paris prennent en compte une mis­sion, la lutte contre les incen­dies, dont ils ignorent encore l’importance et les déve­lop­pe­ments.
S’appuyant sur un tryp­tique fonc­tion­nel typi­que­ment mili­taire (for­ma­tion pous­sée des hommes, recherche tech­no­lo­gique sys­té­ma­tique et mise en place de pro­cé­dures opé­ra­tion­nelles effi­caces), le Bataillon s’approprie très rapi­de­ment son nou­vel envi­ron­ne­ment et devient, dès la fin de la deuxième moi­tié du XIXe­siècle, un modèle d’organisation du ser­vice public de lutte contre l’incendie et une réfé­rence natio­nale, voire internationale.

Plu­sieurs chefs de corps se suc­cèdent jusqu’en 1814. À cette date, le com­man­de­ment est confié au chef de bataillon Pla­za­net. Il dote le Bataillon d’un manuel d’instruction, impose que les sapeurs soient caser­nés et intro­duit la pra­tique de la gym­nas­tique pour for­mer des sau­ve­teurs effi­caces et auda­cieux.
Le pro­ces­sus de mili­ta­ri­sa­tion, fas­ti­dieux, est per­tur­bé par les révo­lu­tions pari­siennes. Il n ’ est réel­le­ment ache­vé qu’en 1830. Sur le plan du maté­riel, les pompiers dis­posent de pompes à bras, de ton­neaux, de haches et de cor­dages. En 1830, le lieu­te­nant colo­nel Gus­tave Pau­lin, prend le com­man­de­ment du Corps et invente le pre­mier appa­reil res­pi­ra­toire pour per­mettre d’intervenir dans les locaux enfu­més. Il rédige éga­le­ment plu­sieurs manuels d’instruction des­ti­nés aux pompiers de Paris et de France.
Les centres de secours de la capi­tale
Pen­dant la pre­mière moi­tié du XIXe siècle, les douze arron­dis­se­ments de Paris sont défen­dus par un maillage de casernes cen­trales et de petits postes des­ti­nés à réduire les dis­tances pour l’acheminement des secours, qui s’effectue à pied.
À ce titre, les édiles de Paris et cer­tains chefs de corps refusent d’employer la trac­tion hip­po­mo­bile, invo­quant son coût, ain­si que le manque de place dans les centres de secours et l’exiguïté des rues de Paris. Le Bataillon connaît quelques modi­fi­ca­tions tout au long de la pre­mière moi­tié du XIXe siècle. Mais c’est à par­tir de 1859 que le corps des sapeurs pompiers de Paris prend un essor par­ti­cu­lier.
En absor­bant les com­munes limi­trophes, la capi­tale forme désor­mais 20 arron­dis­se­ments, soit 8 de plus qu’auparavant, et se trans­forme pro­fon­dé­ment sous l’égide du baron Hauss­mann.
Les sapeurs pompiers pari­siens doivent assu­rer la pro­tec­tion d’un ter­ri­toire sup­plé­men­taire impor­tant, sans aug­men­ta­tion notable du nombre d’hommes. Une réor­ga­ni­sa­tion s’opère et de nom­breux postes de ville, armés par trois hommes et un maté­riel som­maire, sont créés dans les nou­veaux quar­tiers pour pré­ser­ver la rapi­di­té d’intervention.
En 1866, le Bataillon devient offi­ciel­le­ment Régiment.

5 décembre 1866, le régi­ment de sapeurs-​pompiers de Paris

Cette modi­fi­ca­tion s’accompagne éga­le­ment d’une pro­fonde muta­tion tech­no­lo­gique.
Désor­mais, et pour long­temps, les sapeurs-​pompiers de Paris appa­raî­tront comme des pré­cur­seurs dans un cer­tain nombre de domaines. Ils passent ain­si suc­ces­si­ve­ment de la trac­tion hip­po­mo­bile à la trac­tion méca­nique : le régi­ment de sapeurs pompiers de Paris s’équipe de pompes à vapeur, puis passe de la trac­tion élec­trique au moteur à explo­sion. Simul­ta­né­ment, une nou­velle stra­té­gie de cou­ver­ture opé­ra­tion­nelle débouche sur un décou­page de la capi­tale en 24 sec­teurs d’incendie, per­met­tant de regrou­per les moyens de lutte contre l’incendie et de rac­cour­cir les délais d’intervention.

Un pre­mier réseau d’alerte est mis en place après 1870, fon­dé sur le tout nou­veau télé­graphe.
Les centres de secours de la capi­tale
Pen­dant la pre­mière moi­tié du XIXe siècle, les douze arron­dis­se­ments de Paris sont défen­dus par un maillage de casernes cen­trales et de petits postes des­ti­nés à réduire les dis­tances pour l’acheminement des secours, qui s’effectue à pied. À ce titre, les édiles de Paris et cer­tains chefs de corps refusent d’employer la trac­tion hip­po­mo­bile, invo­quant son coût, ain­si que le manque de place dans les centres de secours et l’exiguïté des rues de Paris. Le Bataillon connaît quelques modi­fi­ca­tions tout au long de la pre­mière moi­tié du XIXe siècle. Mais c’est à par­tir de 1859 que le corps des sapeurs-​pompiers de Paris prend un essor par­ti­cu­lier. En absor­bant les com­munes limi­trophes, la capi­tale forme désor­mais 20 arron­dis­se­ments, soit 8 de plus qu’auparavant, et se trans­forme pro­fon­dé­ment sous l’égide du baron Hauss­mann. Les sapeurs-​pompiers pari­siens doivent assu­rer la pro­tec­tion d’un ter­ri­toire sup­plé­men­taire impor­tant, sans aug­men­ta­tion notable du nombre d’hommes. Une réor­ga­ni­sa­tion s’opère et de nom­breux postes de ville, armés par trois hommes et un maté­riel som­maire, sont créés dans les nou­veaux quar­tiers pour pré­ser­ver la rapi­di­té d’intervention. En 1866, le Bataillon devient offi­ciel­le­ment Régiment.